Une année sous le signe de la sobriété : et après ?

# 20 — avril 2023

Sobriété • Travaux en cours • Bâtiment et rénovation performante

› Une année sous le signe de la sobriété : et après ?

Dans un contexte de crise énergétique internationale liée notamment à l’invasion russe en Ukraine, le concept de sobriété a effectué ces derniers mois une percée remarquable dans l’actualité et le débat public.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) vient également de confirmer dans son sixième rapport de synthèse qu’elle est un levier indispensable pour atteindre nos objectifs climatiques ; le Conseil économique social et environnemental (CESE) a mis en évidence dans ses derniers travaux le fait que la sobriété est une dimension absolument essentielle de la transition écologique.

L’Association négaWatt a publié fin septembre ses propositions pour réduire de plus de 10 % les consommations d’énergie d'ici deux ans. Ces propositions, issues de multiples retours d'expérience de ses membres, experts de l'énergie et professionnels de terrain, ont fait suite à la participation active de l’association aux groupes de travail organisés dans le cadre de la préparation du plan sobriété du Gouvernement.

Un deuxième plan de sobriété est actuellement en préparation ; à cet effet le Gouvernement réunit notamment les acteurs déjà mobilisés à l’automne dernier.
négaWatt est à nouveau sollicitée pour alimenter les pouvoirs publics en propositions de mesures de sobriété, en particulier dans le secteur des transports, peu traité l’an dernier. La pérennité des mesures déjà présentées fait également partie des enjeux de ce deuxième plan.

Sur le terrain, on a pu observer cet hiver une réduction significative des consommations d’électricité et de gaz ; effets du plan gouvernemental, prise de conscience individuelle, sobriété subie… nous ne pouvons que souhaiter – et nous mobiliser – pour que cette sobriété « pour passer l’hiver » se transforme en politiques structurelles, avec un objectif affirmé d’équité et de justice sociale dans leur conception.

Conjointement avec l'Institut négaWatt et Virage Énergie, l'Association négaWatt a organisé un wébinaire dédié aux collectivités locales ; il visait à partager des éléments de méthode et de décryptage ainsi que des retours d’expérience avec les collectivités territoriales désireuses d’avancer concrètement dans la mise en œuvre de mesures de sobriété adaptées et efficaces.

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› La sobriété irrigue les travaux de l'association

négaMat et Minimal

Grâce notamment à de nouveaux soutiens de l'ADEME et de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme, l'Association négaWatt va poursuivre en 2023 ses travaux autour des thématiques matériaux et matières premières.
Cela passera par l'approfondissement du scénario négaMat publié fin 2021 aux côtés du scénario négaWatt, et par le démarrage d'un nouveau projet baptisé Minimal. Ce dernier a pour objectif d'établir une feuille de route à l’échelle européenne visant à développer des modèles de consommation et de production des métaux orientés vers la sobriété, la soutenabilité et l’équité, réduisant de fait l’extraction minière.

Dans ce cadre, négaWatt a récemment contribué à la consultation de la Commission européenne au sujet du règlement sur les matières premières critiques. L’association s’est ainsi inquiétée qu’aucune perspective de sobriété ou d’équité ne soit envisagée dans la future législation.

L'association a également publié une note sur le lithium, alertant sur la possible consommation exponentielle et inconsidérée de ce métal dans les décennies à venir. Dans ce document, elle dresse un état des lieux de l’extraction du lithium, de ses impacts et des alternatives possibles à son utilisation, et montre que l’électrification totale du transport routier français ne sera pas soutenable.

CLEVER : premiers résultats et lancement à venir

Le scénario européen CLEVER a franchi une étape importante en fin d’année 2022, avec la présentation des premiers résultats lors d’un webinaire le 15 décembre qui a rassemblé près de 170 participants de toute l’Europe.

Les résultats préliminaires montrent que plusieurs évolutions s’avèrent nécessaires d'ici 2040 pour placer l'Europe sur une trajectoire compatible avec les 1,5°C.
Ces évolutions garantissent la sécurité d’approvisionnement énergétique tout en minimisant les risques environnementaux et réduisant les importations d'énergie :

• une réduction de 45 % de la consommation d'énergie finale,
• le développement d’un mix énergétique composé à plus de 75 % d’énergies renouvelables,
• une réduction d’au moins 90 % des émissions nettes de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

Désormais, outre l'approfondissement du travail technique, l'association se focalise sur la rédaction du rapport final et des grands messages en vue de la présentation du scénario début juin à Bruxelles.

Un premier semestre intense et décisif !

FULFILL : point d’étape à Paris

Depuis janvier 2022, l’Association négaWatt contribue au projet FULFILL aux côtés de sept partenaires européens.
Ce projet fait intervenir plusieurs chercheurs et chercheuses en sciences sociales et vise à explorer comment les changements de modes de vie pourraient aider les pays d’Europe à atteindre leurs objectifs climatiques.

Une réunion des partenaires du projet a permis de faire le point sur la première année d'activités et de préparer les tâches de 2023.
Au menu : analyses sociologiques des pratiques de sobriété, études de cas de politiques publiques, et réflexions sur la manière de bâtir des hypothèses de sobriété dans les scénarios énergétiques. L'analyse comparative entre les cinq pays européens couverts (France, Allemagne, Italie, Lettonie et Danemark – plus l'Inde en contrepoint) promet d'être passionnante.
L'Association négaWatt, co-organisatrice de la réunion, en a profité pour convier les partenaires à une déambulation urbaine sur le thème de la sobriété dans la capitale.

› Focus : bâtiment et rénovation performante

Pompes à chaleur et rénovation performante, une combinaison gagnante

Les pompes à chaleur ont un rôle central à jouer dans la décarbonation du bâtiment et la transition énergétique, à condition que ces appareils soient installés en respectant certains prérequis.

S’appuyant sur les principaux enseignements d’une étude réalisée par négaWatt et sur les réflexions issues d’un groupe de travail composé de membres du CLER-Réseau pour la transition énergétique, ces deux associations ont formulé plusieurs recommandations politiques à l’échelle nationale et européenne afin d’encourager la mise en œuvre combinée d’une rénovation performante et de l’installation d’une pompe à chaleur

Le portage de ces recommandations est en cours : l’association a été récemment reçue par le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher et par le Secrétariat général à la planification écologique.
Elle a par ailleurs été auditionnée par la Commission d'enquête sur l'efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique du Sénat le 20 mars et le sera le 5 avril par la mission d’information sur la rénovation énergétique des bâtiments à l’Assemblée nationale.

Autant d’occasions de rappeler la priorité n°1 dans le secteur du bâtiment : mettre en place les mécanismes réglementaires et financiers permettant une massification à grande échelle de la rénovation complète et performante du parc bâti existant.

Le Parlement européen a approuvé la directive sur la performance énergétique des bâtiments

négaWatt est membre de la coalition Unlock, association de plaidoyer qui fait campagne au niveau européen pour que l’Union, les gouvernements et les décideurs financiers débloquent les fonds nécessaires à la rénovation performante des logements, avec pour objectifs principaux la réduction des émission de CO₂ et la lutte contre la précarité énergétique.
À cet effet, la coation est à l'initiative d'une pétition interpellant les décideurs politiques et financiers.

Au niveau européen, une étape politique a été franchie le 14 mars dernier avec l’adoption par le Parlement de la Directive sur la performance énergétique des bâtiments : celle-ci introduit notamment des normes de performance énergétiques obligatoires plus ambitieuses que la proposition initiale de la Commission et met l’accent sur le rôle des banques dans l’offre de prêts à la rénovation (lire l'article sur le site d'Unlock ↗).

Les négociations en trilogue (Parlement, Conseil, Commission), s’engagent dès à présent pour arrêter le texte final de la directive.

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